La colère, six clés essentielles pour s’en libérer

Que faire de la colère ?

Un article de Mai-Lan Ripoche, coach en connaissance de soi et gestion du stress

Comment mieux comprendre sa colère pour la transformer ?

En la reconnaissant !

colère

La colère est une émotion qui m’a longtemps handicapée et que j’ai longtemps réprimée.
En effet quand j’étais plus jeune, j’avais pris l’habitude de la refouler car pour moi, prendre le risque de m’énerver, de dire que je n’étais pas d’accord ou de lever le ton, était synonyme de danger. Alors, quand j’étais en colère, je serrais les poings et les dents, et je me taisais.
J’ai donc fait imploser ma colère.

La conséquence ?

Et bien, le mal a dit/maladie : j’avais gagné un abonnement illimité à la constipation et aux angines !

Puis j’ai grandi mais ma coupe de colère étant pleine, elle a commencé à déborder. Je ne supportais plus d’entendre quelqu’un hausser le ton avec moi et de me sentir dénigrée, alors j’ai opté pour l’explosion de la colère : l’agressivité !

Les dégâts n’étaient plus intérieurs mais extérieurs.

Vous l’aurez compris, que ce soit dans l’implosion ou l’explosion, la colère est une énergie qui nous fait souffrir et qui fait souffrir les personnes autour de nous.
Ainsi, agir ou parler quand on est en colère peut créer beaucoup de dégâts. J’en connais un rayon !

Dans nos schémas habituels, on va adopter deux comportements : soit taper sur un coussin (au mieux), soit réprimer et minimiser notre colère. Le souci, c’est que dans les deux cas, le problème n’est pas traité en profondeur.

La psychologie bouddhiste parle de la conscience en termes de semences. Nous avons tous des graines de colère en nous, ainsi que des graines de désespoir et de peur. Mais nous avons aussi des graines de compréhension, de sagesse, de compassion et de pardon. Selon Thich Nhat Hanh, maître zen vietnamien, si nous savons comment arroser les graines de sagesse et de compassion en nous, ces graines se manifesteront sous forme d’énergies puissantes qui nous aideront à réaliser l’acte de pardon et de compassion.

Mais encore faut-il avoir conscience de ces graines de colère en nous. La pleine conscience nous invite justement à être conscients de ce qui se passe en nous.

Thich Nhat Hanh, explique :

« Si vous buvez une tasse de thé et que vous savez que vous buvez une tasse de thé, cela s’appelle boire en pleine conscience. Quand vous inspirez et que vous êtes conscient de cela, que vous focalisez votre attention sur votre inspiration, cela s’appelle respirer en pleine conscience. Quand vous faites un pas et que vous êtes conscient que vous faites un pas, cela s’appelle marcher en pleine conscience. Quand vous êtes en colère, vous êtes conscient que vous êtes en colère. Parce que vous avez déjà l’énergie de la pleine conscience en vous, engendré par la pratique, vous savez reconnaître, embrasser, regarder profondément et comprendre la nature de votre souffrance. »

Vous l’aurez compris, la première étape vers la transformation de la colère est la conscience, la reconnaissance. Souvent, nous sommes tellement pris par l’émotion que nous ne faisons plus qu’un avec elle et nous ne nous rendons pas compte que nous sommes happés par elle.

Alors, que faire une fois que nous avons reconnu notre colère et que nous lui avons dit bonjour ? Et bien comme avec un ami qui est en souffrance…

En l’écoutant !

calme et écoute

Selon la CNV (Communication Non Violente), refouler, réprimer et étouffer sa colère, c’est sacrifier notre force vitale et nous priver d’une partie de nous.

Nous avons le droit d’être en colère mais pas le droit d’être agis par elle en utilisant des mots ou des actes violents.

« J’ai le droit de la montrer A l’autre mais pas SUR l’autre », déclare Jacques Salomé.

Pour lui, la colère est d’ailleurs « le langage du retentissement et de la résonance ». Autrement dit, elle vient toucher quelque chose qui résonne, qui fait écho en nous.

Quand la CNV parle d’exprimer sa colère, il s’agit en réalité d’exprimer et de canaliser des tensions intérieures en :

  • Respectant son ressenti,
  • Développant son aptitude à canaliser cette énergie,
  • Se faisant entendre et respecter.

La colère, à l’image de toutes les émotions négatives, est comme un voyant sur notre tableau de bord, une alerte interne qui nous invite à rétablir l’équilibre intérieur. Elle est tout simplement l’expression de besoins insatisfaits.

« La colère est un cadeau qui nous donne l’occasion d’identifier nos besoins insatisfaits qui sont la cause de cette réaction » Marshall B. Rosenberg (créateur de la CNV)

Vous avez certainement remarqué qu’une même situation peut nous mettre hors de nous, alors qu’elle va laisser complètement indifférente une autre personne.

Pourquoi ?

Nous avons pris l’habitude de rendre l’autre responsable de notre colère : « C’est à cause de TOI si je suis énervée, c’est parce que TU as fait ceci… ». C’est ce qu’on appelle le « tu qui tue ».

Le facteur déclencheur de la colère est en fait notre refus de voir la réalité telle qu’elle est : « ça ne devrait pas se passer comme ça », « il n’aurait pas dû faire ça » etc. Ces pensées vont ainsi entraîner des interprétations, des jugements, des critiques et des reproches sur l’autre et/ou sur nous-même, qui vont alimenter notre colère.

La question à un million d’euros est donc la suivante : quelle est l’origine de notre colère ?

a) Les autres
b) La vie
c) Mes pensées
d) Je ne sais pas.

Réponse : c !

« Lorsque donc quelqu’un te met en colère, sache que c’est ton jugement qui te met en colère. » ÉPICTÈTE

Quand nous sommes dans nos pensées, nous ne sommes plus en lien avec nos besoins. Ce sont donc nos besoins insatisfaits qui sont la cause de notre colère.

Exprimer notre colère demande donc de bien nous connaître et de développer notre pleine conscience afin de reconnaître et d’identifier nos besoins.
Ainsi, en exprimant nos besoins insatisfaits, c’est-à-dire en parlant de nous et non de l’autre, notre colère a beaucoup plus de chance d’être entendue.
Et oui, car comment pouvoir être à l’écoute de l’autre si nous ne savons pas être à l’écoute de nous-même ? Comment respecter les besoins de l’autre si nous ne nous respectons pas les nôtres ?

La colère étant l’expression de nos besoins insatisfaits, nous pouvons donc l’écouter et l’accueillir avec bienveillance.

En l’accueillant et en la traduisant

compassion et douceur

 

Comme je l’expliquais, la colère est un NON à la réalité. Nous nous disons des phrases comme « il ne devrait pas me parler comme ça » alors que la réalité EST qu’il me parle comme ça !

La première étape pour traduire notre colère est donc de prendre conscience de notre refus de voir ce qui est. Son origine se situe dans des pensées du genre « ça devrait », « ça ne devrait pas », « il faudrait », « il ne faudrait pas », « je dois », « je ne dois pas », « il aurait dû », « il n’aurait pas dû ».

Ces phrases sont des exigences sur nous ou sur l’autre et c’est leur répétition qui nous maintient dans la colère.

Voici donc un exercice pour vous permettre de traduire et de désactiver votre colère :

  1. Cherchez la pensée qui est la cause de la colère. Il est important d’écrire la phrase sur papier pour la mettre à l’extérieur de vous. (Par exemple : elle ne devrait pas me parler sur ce ton).
  2. Trouvez le besoin qui n’est pas satisfait (ex : le besoin de respect, de considération).
  3. Posez-vous ensuite la question : Qu’est-ce que ce besoin vous permet d’avoir ? (d’être aimé, accepté, reconnu…).
  4. Comment vous sentez-vous quand vous voyez que vos besoins de…. ne sont pas nourris ? (triste, démunie, désespérée…). Vous allez alors vous rendre compte que vous n’êtes pas en colère mais triste.
  5. Puis, faites une demande à vous-même ou à l’autre. A condition que cette demande soit concrète, positive, réaliste et qu’elle laisse une porte ouverte à la négociation : « … et je souhaiterais… ».
  6. Si l’autre ne peut pas satisfaire votre besoin, demandez-vous ensuite : en sachant que cette personne n’a pas les moyens maintenant de nourrir mes besoins, quelle action je peux poser pour les nourrir en lâchant l’idée qu’il n’y a que cette personne qui peut les satisfaire ?

Voici quelques exemples pour vous aider à mettre des mots sur vos sentiments et besoins :

  • Sentiments que nous éprouvons lorsque nos besoins sont satisfaits : à l’aise, admiratif, apaisé, attendri, béat, bouleversé, calme, charmé, confiant, paisible, radieux, régénéré, serein, insouciant…
  • Sentiments que nous éprouvons quand nos besoins sont insatisfaits : à bout, abattu, accablé, affligé, affolé, craintif, courroucé, désespéré, écœuré, mélancolique, sceptique, stupéfait, troublé, vexé…

Les besoins sont répartis en six catégories :

  1. Besoins de bien-être ou de survie : abri, alimentation, sécurité, protection, soutien…
  2. Besoins d’interdépendance : amour, appréciation, respect, considération, empathie…
  3. Besoins de jeu : défoulement, récréation, ressourcement…
  4. Besoins d’accomplissement : authenticité, créativité, intégrité, réalisation…
  5. Besoins d’autonomie : liberté, indépendance ; rêver et réaliser ses rêves…
  6. Besoins de célébration : commémoration, ritualisation, partage des joies et des peines…

Isabelle Padovani enseignante en CNV, explique qu’il est important de séparer les besoins des stratégies car nous avons souvent tendance à coller nos besoins à une seule stratégie !

Bien sûr, si la personne en question est notre compagnon de vie et que nous constatons que tous les jours et de manière répétée, cette personne ne nourrit pas notre besoin d’amour et de considération, alors nous pouvons commencer à réfléchir à une autre stratégie que notre compagnon, pour satisfaire nos besoins.

Isabelle Padovani explique qu’au fond, quand on est en colère contre quelqu’un c’est parce que nous ne pouvons pas offrir à l’autre la meilleure version de nous-même : « Si il ou elle ne considère pas ce que je suis, je ne peux pas lui offrir la beauté de ce que je suis ».

En prenant conscience de cela, nous ne sommes plus des mendiants qui quémandons de la considération mais nous sommes simplement la vie qui veut s’offrir à l’autre et qui se dit « dommage, tu n’as pas les moyens de me donner ce qui me permettrait de te donner le cadeau de ce que je suis. »

Alors, finalement :

« Dire « quel con » est en réalité un cri d’amour frustré ! » Isabelle Padovani

Tous les chemins mènent à la compassion

compassion

Finalement, vous vous rendrez compte que la colère n’est pas autre chose que de l’amour frustré. Les grands Maîtres l’ont compris depuis longtemps. La meilleure arme contre la colère est l’amour et la compassion.

Je terminerai donc cet article en citant Lama Zopa Rinpoché :

« Lorsque vous constatez un changement dans l’attitude physique, verbale ou mentale d’autrui, le fait que cela provoque votre colère ou non dépend de votre état d’esprit. Ce changement d’attitude paraît être la cause de votre colère, mais en réalité il n’en est rien. Cela dépend de votre esprit. Si par exemple au moment où l’autre personne est en colère, votre esprit est empli de compassion, empreint du souhait que cette personne soit libérée de la souffrance et des problèmes, particulièrement si vous éprouvez une compassion telle que vous pensiez : « Je veux libérer cette personne de tous ses problèmes », alors il est plus facile d’avoir l’esprit positif et paisible. Par exemple, si on vous frappe avec une canne, il n’y a aucune raison de se mettre en colère après la canne, car elle se trouve dans la main de l’autre personne. Ce serait totalement insensé de se mettre en colère après la canne. De même que la canne, la personne n’a aucune liberté. Elle est l’esclave de la colère, elle est totalement sous son contrôle. Cette personne n’a donc pas le moindre atome de liberté. Elle est le jouet de la colère. Cette personne n’est donc qu’un objet de compassion. »

Mai-Lan Ripoche 
Coach en connaissance de soi et gestion du stress
& fondatrice du blog Les Guerriers Pacifiques

Un cadeau de Mai-Lan, vous pouvez écouter cet article en version audio MP3

Pour en savoir plus, un livre conseillé par En quête du bonheur

Catégorie : Développement personnel
Titre : La colère, transformer son énergie en sagesse
Auteur : Thich Nhat Hanh
Editions : Pocket Evolution

Mai-Lan Ripoche
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