La crise de la quarantaine, comment la vivre au mieux ?

La crise de la quarantaine

La crise de la quarantaine, comment la vivre au mieux ?

Première partie

La crise du milieu de vie appelée la crise de la quarantaine

Un matin, sans savoir pourquoi, vous vous levez avec un goût d’amertume, un goût étrange qui vous montre que quelque chose en vous est différent. Pourtant c’est un jour comme les autres, et vous vous réveillez dans le même environnement que chaque matin, mais voilà… l’élan n’est pas là, et vous ne réussissez plus à vous redresser, et à être une femme ou un homme debout…

femme chambre amertumeÀ ce moment précis, cette chambre que vous connaissiez si bien, n’est plus un lieu d’intimité, un refuge, mais un lieu d’enfermement où dans la pénombre du jour qui se lève, se dessinent les ombres des meubles figés depuis trop longtemps. Vos yeux balaient cet espace familier avec peut-être l’armoire familiale imposante et son miroir reflétant la tristesse du décor, ou alors, ce sont les angles saillants d’une décoration épurée, sur lesquels vous vous heurtez à chaque fois que vous passez… Décoration tendance qui se veut tellement en rupture qu’il n’y a qu’un silence vide de sens où rien ne se passe et dépasse.

Vous réalisez, peut-être, à ce moment précis, que ce décor que vous connaissiez si bien n’a plus de sens. Vous étiez l’acteur principal, et vous connaissiez très bien le rôle à tenir. Mais ce matin, vous ne vous souvenez plus de la réplique, et vous ne réussissez plus à rentrer dans le personnage. Aujourd’hui, tout est devenu différent, presque étranger… un nouveau regard s’est ouvert…

Puis, l’amertume laisse place aux frustrations de voir le temps passer si vite, sans finalement avoir vécu votre vie. Bien souvent, le devoir a pris le pas sur vos rêves, et peut-être qu’un vide intérieur envahie les tréfonds de votre être, avec pour seule présence la peur, l’angoisse voir la colère… Plus le jour se lève, plus les ombres sont denses et vous ne réussissez plus à voir cette la lumière présente autour de vous, ni en vous…

Peut-être que vous finissez par remettre la faute sur l’autre : celui ou celle qui à vos côtés est présent tout en étant absent, ou encore, trop présent dans le lit tout en étant absent… Vous l’accusez d’être endormi, car il ou elle ne voit pas la même chose, cette vue insupportable… Ou encore, peut-être que vous accusez les enfants d’arriver à n’importe quel moment dans votre espace intime, car au fil du temps, ils ont pris le premier rôle en vous reléguant au second… Ou encore, peut-être que le travail hante vos nuits et vous donne un simple rôle de figurant…

Ce scénario, vous le connaissez peut-être car ce moment où tout bascule intérieurement arrive de manière plus ou moins violente, plus ou moins sourde entre 40 et 53 ans. Bien souvent, c’est à l’occasion d’un événement, même anodin, ou d’un changement dans votre vie que tout bascule. Nous rentrons alors, plus ou moins insidieusement, dans cette crise du milieu de vie plus communément appelée « crise de la quarantaine ». Montrée du doigt et attendue avec une certaine anxiété, cette période ne pourrait-elle pas être vécue différemment ? Pourquoi rentrons-nous dans cette crise tant redoutée par soi-même que par son entourage ? Comment la vivre au mieux ?

Pour ma part, c’est à l’annonce d’un cancer que je me suis retrouvée face à moi-même, dans cette chambre des mystères qui renferme la métamorphose. Pourtant je
croyais y échapper. Après tout, tout allait plutôt bien dans ma vie ! J’avais, si je peux m’exprimer ainsi, fini officiellement une psychanalyse, je réussissais brillamment tout ce que j’entreprenais avec le soutien de mon mari et ma fille. Mais voilà, je regardais derrière moi et devant moi, dans le dénuement le plus complet, face à la possibilité de mourir plus ou moins rapidement, sans compter la colère, et la peur de l’avenir… Je prenais conscience pour la première fois du temps passé si vite qui ne reviendrait pas… Une phrase résonnait en moi : « Je n’ai pas fait ce que je devais faire. ». J’ai alors décidé au plus profond de mon âme qui n’aspirait qu’à vivre et entreprendre ; sans pour autant savoir quelle direction prendre ; que « d’une chenille rampante, je deviendrais un papillon. »… Je fis alors le choix de me laisser traverser et non transpercé par l’épreuve.

Pour d’autres personnes, l’élément déclencheur sera à priori différent dans sa forme, mais il aura de commun de prendre conscience que le temps est passé et de devoir faire le deuil de quelque chose, d’une situation ou d’une personne, comme, à l’occasion d’une séparation, de la perte d’un emploi ou d’un proche, d’une maladie, du départ des enfants… soit, des petites morts intérieures.

femme quarantaine criseÀ cette période où nous sommes arrivés à la moitié de notre vie, la crise de la quarantaine peut surgir à priori de nulle part. Or l’événement extérieur n’est qu’un prétexte. C’est avant tout notre horloge interne qui nous murmure que les temps commencent à être accompli. Sans compter que notre miroir, notre garde-robe, le regard des enfants qui grandissent, nous rappellent que nous avons vieilli et que nous ne sommes plus cette jeune femme, ce jeune homme enthousiaste et audacieux face à un avenir épanouissant…

Cette crise intérieure est donc un moment où nous regardons l’avenir avec la conscience que le temps est passé si vite… Il faut dire que nous avons rempli jusqu’à présent notre vie d’engagements et d’obligations du quotidien. Nous pouvons vivre alors un grand écart intérieur entre ce vers quoi nous aspirons, et notre vie telle qu’elle est. La crise de la quarantaine, comment la vivre au mieux  ? Notre vision de l’avenir se teinte de nostalgie et de regrets car nous constatons que nous sommes loin de nos rêves et que notre flamme intérieure vacille avec nos « et si… » ou « si j’avais su… » ; et ça n’est que le début si l’on ne veut pas suivre l’élan en nous qui nous conduit à l’introspection puis à l’éclosion.

Or les regrets et la nostalgie ne sont pas une solution mais une position de repli, car les cultiver nous maintient dans une forme de fuite pour ne pas faire face à l’avenir, voir à la peur de la mort pour certains. De même cultiver l’illusion de l’éternelle jeunesse pour ne pas faire face aux marques du temps tel Dorian Gray dans le roman d’Oscar Wilde ne nous rendra pas l’étincelle et l’énergie du passé.

Ah ! si cela pouvait changer si c’était moi qui toujours devais rester jeune, et si cette peinture pouvait vieillir !… Pour cela, pour cela je donnerais tout ! Le portrait de Dorian Gray – Oscar Wilde

Face à ce constat du temps qui passe, voir des peurs que cela suscite, et du bilan parfois amer de voir nos rêves mis de côté, ce passage est douloureux d’autant plus que nous le vivons seul avec nous-même tout en étant entouré. Pourtant cette obscurité intérieure n’a d’autre demeurant que de nous donner de chercher la lumière et paradoxalement, plus nous nous rapprochons de la lumière, plus l’ombre est intense et opaque.

Nous constatons aussi que nous nous sommes perdus dans les « il faut », « je dois » et suffisamment épuisés dans cette course inconsciente du « mieux que ». En effet, dans un premier temps nous nous sommes conformés, même inconsciemment, à ce que notre environnement attend de nous avec plus ou moins de pression. Nous avons besoin d’être reconnu par notre clan, par nos pères. Nous sommes comme poussés de l’intérieur à prouver que nous sommes dignes et capables ; et ceci en
passant de la « bonne mère », ou au « père irréprochable » à « l’employé modèle » ou « l’entrepreneur talentueux ». Nous construisons toute cette période de vie par
rapport à une structure de référence liée à notre éducation, avec ses règles, ses normes, ses représentations, ses croyances ou vérités incontournables. Nous sommes restés politiquement corrects de nombreuses années ; ce qui n’empêche pas quelques heurts, car même si le système ne nous convient pas, en réalité nous ne connaissons pas autre chose. En effet, nous sommes en référence à nos parents, nos éducateurs, soit en étant dans leur prolongement soit par l’opposition. Mais dans les deux cas, nous construisons notre modèle du monde à travers celui de nos référents, un peu comme si nous avions reçu, dès la naissance puis au cours de notre vie, des lunettes avec une certaine correction, et que celles-ci étaient une évidence… Or elles ne sont pas adaptées à notre vu, à nos perspective d’être.

À vouloir s’intégrer dans une histoire, être reconnu et faire ses preuves, nous nous sommes, peu à peu, coupés de nous-même, de nos valeurs, de nos aspirations profondes, de notre élan de vie qui fait de nous une personne unique. Aujourd’hui, cette partie finit par crier famine car elle n’est pas nourrie à la source de notre être.

En prenant conscience que ces lunettes, ces filtres ne sont pas adaptés à notre perception des choses, et que cela nous donne de voir flou ou encore nous occasionne d’importants maux de tête, nous pouvons alors envisager de les changer ; même si dans un premier temps nous pouvons vivre une période de flottement, une perte de repère car nous nous étions tellement bien adaptés malgré tout…

La crise de la quarantaine fait alors tomber les masques que nous avons affichés jusqu’à présent ; et ne l’oublions pas, nous convenaient car ils ont répondu à nos aspirations, nos besoins vitaux pendant de longues années. Ils étaient, en somme nos boucliers pour avancer. Cependant, aujourd’hui c’est comme si ces masques s’étaient retournés à notre insu, et que la vision de leurs sourires figés et grimaçants nous effrayaient. Nous découvrons alors que derrière ceux-ci se cache un espace encore inconnu rempli de conflits intérieurs, de mensonges à soi-même, de paradoxes laissant apparaître notre vulnérabilité ; et ça n’est pas toujours confortable !

Si nous nous arrêtons là, nous pouvons vite conclure qu’il est préférable de continuer comme nous le faisions si bien ! Pourtant, quitter ces masques c’est aussi se laisser surprendre par nos ressources et s’approprier notre force intérieure qui donne plus d’impact à nos actions, nos paroles, car ils viennent de notre base, notre centre, notre alignement intérieur. La crise de la quarantaine nous invite alors à nous dépasser et donne ainsi accès à nos ressources, même les plus insoupçonnées.

la chrysalideCe passage, où à la fois tout est derrière soi et à la fois devant soi, peut être plus ou moins long en fonction de nos résistances, et denses en fonction de notre capacité à mobiliser notre pouvoir créatif. C’est important alors d’accueillir cette période comme une transition entre le passé et l’avenir, comme une crise-alide, une chrysalide, avec tout le potentiel de transformation qu’elle sous-tend. Ce passage tant redoutée, est en fait une invitation à retrouver son pouvoir personnel et à quitter ce regard inquisiteur qui n’est rien d’autre que notre propre regard qui a accepté inconsciemment les projections et rôles qui nous ont été attribués. Nous quittons progressivement un mouvement exogamique1 ; tourné vers l’extérieur ; pour entrer naturellement dans une dynamique endogamique mobilisant notre potentiel. Et pourtant…

Pourrions-nous alors imaginer que cette période peut nous ouvrir vers d’autres possibles et que nous sommes les artisans, les artistes de notre vie…?

Et que finalement tel un peintre c’est peut-être un pas en arrière qui est nécessaire pour percevoir le tableau de notre vie dans sa globalité.

Pourrions-nous imaginer que ça n’est pas l’ensemble du tableau à recouvrir, mais seulement des parties tel un palimpseste2… ?

Fin de la première partie

Carole Alleyrangue
Coach en épanouissement personnel et professionnel

1- Exogamique : Relatif à l’exogamie, règle pratiquée par un individu qui contracte un mariage à l’extérieur de son propre groupe d’appartenance et dont le contraire est l’endogamie, le mariage au sein de sa famille, le même clan ou le même groupe social d’origine.

2- Palimpseste : Un palimpseste est un manuscrit constitué d’un parchemin déjà utilisé, dont on a fait disparaître les inscriptions pour pouvoir y écrire de nouveau.

la crise de la quarantaine

La crise de la quarantaine, seconde partie courant mars 2016

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Carole Alleyrangue
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5 Commentés

  1. J’ai vécu assez fort cette crise de la quarantaine. Votre article l’explique très bien. Merci

  2. bonjour
    juste un petit commentaire concernant votre analyse
    je suis un conjoint qui subit de plein fouet la crise de son epouse
    je ne la reconnais plus , 20 ans de mariage qui volent en eclat
    il faudrait inciter les personnes en crise a faire des ajustement en douceur et non pas , comme vous semblez le suggerer a tout envoyer en l air pour redemarrer une nouvelle vie
    les conséquences peuvent etre dramatique pour toute une famille

  3. Bonjour Fredo et merci de ce témoignage. Loin delà inciter à faire voler tout en éclat, d’autant que tant que l’origine du mal-être n’est pas identifié, on reconstruit avec les mêmes ingrédients en s’illusionnant faire autrement… j’invite à s’écouter et par la même c’est une porte qui peut s’ouvrir avec un dialogue constructif pour le couple qui peut se voir grandir …. merci et bon courage à vous

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